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  LES HAUTS-ELFES

    
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LE DEFENSEUR AENARION
1-80 (C.I. - 4500 à - 4420)


C'était une ère sombre, une époque de conflits, de rage et de terreur durant laquelle les créations cauchemardesques du Chaos ravageaient le monde. Les Anciens avaient été déchus, abandonnant leurs enfants à la proie des démons. Le portail du pôle, qu'ils utilisaient pour voyager d'un monde à l'autre, s'était effondré en laissant une puissante énergie magique se répandre sur le Monde Connu. Les démons, les sorciers, les déchus et les damnés, tous enfants du Chaos, franchissaient les portails pour dévorer le monde.

Sur Ulthuan, l'île mère du peuple elfique, le long Age d'Or et de la paix touchait à son terme. Les hordes du Chaos s'étaient abattues sur ses habitants comme des loups sur des jeunes agneaux, émergeant des mers en furie pour massacrer sans pitié les enfants de la Reine Eternelle. Ne connaissant pas la guerre, ignorant les conflits, les elfes n'avaient aucune chance de résister. Ils durent assister impuissants au spectacle des armures noires brûlant leurs bois pendant que des hommes bêtes hideux rasaient des villes entières. Les hurlements des démons se faisaient écho au-dessus des ruines des antiques cités.

Ils ne restaient aux elfes que la fuite. Leurs arcs et leurs lances, qu'ils n'utilisaient que pour la chasse et les duels d'honneurs, se brisaient contre les armures des guerriers du chaos et la peau de bronze des démons. Les enfants de la Reine Eternelle se cachèrent dans les cavernes et les bois profonds en priant qu'on ne les découvre pas et qu'un sauveur vienne les délivrer.

Ce sont des ténèbres sanglantes qui marquèrent cet âge terrible dans lequel naquit Aenarion, le plus grand et le plus pathétique de tous les héros elfes : champion maudit et dieu déchu, le plus puissant guerrier d'une ère de luttes pour la vie, le plus aimé des Rois Phénix d'Ulthuan et d'entre tous, celui qui eut le destin le plus tragique. Ce demi-dieu bouleversa l'histoire.

On sait bien peu de choses sur le début de sa vie. Certains avancent qu'il était aventurier, l'une de ces âmes infatigables qui, à la tête d'une petite bande de compagnons, quittait la paix éternelle d'Avelorn à la recherche de leur destinée dans les terres lointaines. Lors de l'invasion du Chaos, il combattit de son mieux en sachant malgré tout que les pitoyables armes des elfes et la sorcellerie pacifique de la Reine Eternelle ne pourraient résister longtemps à la puissance des ténèbres. Révolté par le massacre de son peuple, il voyagea sur cette terre dévastée jusqu'au temple d'Asuryan, déterminé à invoquer l'aide de son dieu.

Alors même que les armées du Chaos assiégeaient le temple, Aenarion, debout devant la flamme éternelle, supplia Asuryan de venir en aide à son peuple. Mais son dieu ne semblait pas l'entendre et aucun signe ne lui parvenait. Il pria longtemps et fit l'offrande d'un agneau blanc, mais en vain. Devant le dédain d'Asuryan, Aenarion jura de faire le sacrifice suprême en échange de la survie de son peuple. Toujours sans réponse, il tint sa promesse et se jeta dans la chaleur infernale du feu sacré. Son corps se consuma douloureusement, la souffrance saisit ses membres, ses cheveux s'enflammèrent et son cœur cessa de battre. Ceux qui le regardaient le crurent mort et c'est alors que le miracle survint.

Aenarion refusait de périr. Lentement, avec peine, il tituba hors du foyer. Sa peau brûlée reprit son apparence normale et ses cheveux calcinés retrouvèrent leur éclat. Il sortit indemne des flammes, transformé par le feu purificateur. Sa peau était claire et translucide et ses yeux avaient l'éclat de l'esprit d'Asuryan. Une lumière émanait de son corps, une lumière que tout le monde pouvait voir. Tous savaient qu'il était désormais le gardien d'un pouvoir transcendantal et les elfes se placèrent immédiatement sous ses ordres.

Aenarion sortit du temple pour mener les elfes au combat. La horde hurlante du Chaos lui faisait face. Il prit son javelot de chasse et le projeta sur Morkar, le général du Chaos. L'arme traversa son corps et continua sa course à travers le torse de son porte-étendard pour venir se ficher dans le cou d'un minotaure. Désarmé, Aenarion dévala les marches du temple devant ses ennemis abasourdis. Il s'arrêta devant le corps de Morkar et se saisit de son épée tandis que les serviteurs du Chaos l'encerclaient, hurlant vengeance. Mais c'était comme s'ils attaquaient un mur de lames à mains nues, le pouvoir d'Asuryan coulait dans les veines d'Aenarion. Sa lame chantait la mort en tailladant les fidèles du Chaos qui étaient assez fous pour s'approcher. Ce jour-là, Aenarion aurait pu détruire une armée entière de sa seule épée.

Le voyant accomplir un tel carnage contre des ennemis jusqu'ici invincibles, les elfes du temple reprirent courage. Ils prirent leurs lances et accoururent à son aide.

Grande fut la tuerie et joyeuse la fête qui s'ensuivit. Les elfes avaient remporté une inoubliable victoire, ils en remercièrent Aenarion en lui prêtant allégeance. Celui-ci quitta le temple et s'embarqua pour Caledor, la seule région des terres elfiques qui avait résisté à la puissance du Chaos. Là, il rencontra Caledor le dompteur de dragons, le premier Prince Dragon et le plus grand des hauts mages du passé.

Caledor vit tout de suite qui était vraiment Aenarion, un demi-dieu, et il s'agenouilla devant lui. Chevauchant des dragons, ils s'envolèrent pour le temple forteresse de l'Enclume de Vaul. C'est là que fut martelée l'armure sacrée d'Aenarion, ainsi qu'un nombre suffisant d'épées et d'armures pour équiper une armée.

Pendant une brève période, les conflits cessèrent. Aenarion avait besoin de temps pour lever son armée, et de nombreux elfes qui avaient survécu à l'invasion se joignirent à lui. C'était exactement les soldats dont Aenarion avait besoin pour mener sa croisade sacrée. Beaucoup avaient perdu leur famille, massacrée par les serviteurs du Chaos. Ils avaient de vraies raisons de haïr leurs ennemis et ils étaient prêt à mourir pour venger les leurs. Sous la direction d'Aenarion et de son conseiller Caledor, les elfes apprirent l'art du combat. Une ost puissante fut rassemblée pour protéger la terre natale des elfes avant que les hordes noires ne repassent à l'offensive, toujours plus dangereuse. Comme la foudre, les elfes descendirent des montagnes de Caledor. Les chevaucheurs de dragons écrasèrent l'armée des hommes bêtes. Des unités d'infanterie lourdement armées et portant de puissantes armures repoussèrent les serviteurs des quatre puissances. Au cours de cette campagne, Aenarion trempa son armée à la manière d'un forgeron martelant son épée. Chevauchant Indraugnir, l'aîné des dragons, il était à la tête de ses troupes dans chaque bataille. Des nuées d'immenses créatures ailées au souffle enflammé s'abattirent sur les armées des ténèbres et les repoussèrent du cœur d'Ulthuan jusqu'aux rivages de l'île.

A Korumel, que l'on nomme aujourd'hui Ellyrion, Aenarion tua N'Kari, le Gardien des Secrets, bannissant le démon du plan des mortels pour des siècles. Au pied des collines du sud de Chrace, il écrasa l'armée des adorateurs de Khorne commandée par Vorghan le Tueur. Il nettoya ensuite les bois sacrés de l'île des Pommes de la souillure des danseurs-crânes de Slaanesh et de leur maîtresse Aazella. Le feu des dragons calcina Hugin le Seigneur Pestilentiel et les légions putrides de Nurgle. La guerre semblait enfin toucher à sa fin.

Comme un linceul sur le corps d'un défunt, la paix recouvrit Ulthuan. Ce fut une période de douleur et de tristesse sur une terre fatiguée par la guerre et affaiblie par la perte de ses enfants. C'était un temps de brèves rencontres et de bonheurs éphémères. Au nord, le portail devenu fou continuait à ronger le cœur du monde comme un cancer.

Le flux surnaturel ne cessait de croître et Ulthuan, situé sur une faille de la réalité, était saturé d'énergie magique. Les sommets des monts Annuli étincelaient de couleurs changeantes. Les jeunes femmes enfantaient des monstres et la voix du Chaos résonnait dans les vallées. De terribles ricanements emplissaient les nuits étoilées comme autant de présages aux événements étranges qui survenaient parfois. Les oracles étaient fous de terreur, le gardien du temple d'Asuryan se creva les yeux, mais en vain. Ses terribles visions continuèrent à le poursuivre et lorsqu'on le questionnait sur l'avenir du monde, il se renfermait dans son mutisme.

Durant ce laps de temps, Aenarion fut reçu à la cour de la Reine Eternelle. Dans son armure d'or, il ressemblait à un géant accablé au visage fatigué. Là, il rencontra Astarielle, la Reine Eternelle et l'épousa. On sait peu de chose sur leur vie commune sinon qu'ils vécurent une brève période de bonheur. Des jumeaux naquirent de leur union, une fille nommée Yvraine, la future Reine Eternelle et un fils qu'ils baptisèrent Morelion.

Puis les forces du Chaos réapparurent et les olifants d'argent appelèrent de nouveau Aenarion au combat. La guerre embrasa de nouveau les terres d'Ulthuan.

Les elfes et leurs alliés dragons commencèrent par avoir le dessus mais, lentement et sûrement, les serviteurs du Chais devenaient de plus en plus puissants. Leur nombre était incalculable. De plus en plus de démons et d'êtres corrompus émergeaient du portail polaire. Un nombre croissant d'humains mutaient sous l'emprise des grands nuages de magie chaotiques venus du nord. Des monstres de plus en plus nombreux descendaient des montagnes chatoyantes. Chaque elfe qui tombait était une perte irremplaçable alors que pour un serviteur du Chaos tué, deux se levaient pour combattre.

La guerre se prolongea durant des décennies. Parfois, grâce à des efforts héroïques, les elfes délivraient leur terre pour un bref moment. Ils envoyaient alors des expéditions sur les autres continents pour aider les nains et les humains. Mais il était évident qu'ils perdraient cette guerre d'usure. Les victoires ne faisaient que retarder l'inévitable et chaque défaite accélérait inexorablement le processus. Le conflit épuisait les elfes les plus valeureux, même Aenarion. Au contraire, les forces du Chaos combattaient sans repos ne montrant ni faiblesse ni pitié, implacables, déments et meurtriers.

Alors advinrent deux événements qui allaient faire basculer l'histoire des elfes et être à l'origine des drames qui s'ensuivirent.

Après un siècle de recherches infructueuses, Caledor découvrit enfin l'origine de l'invasion du Chaos et mit au point un plan désespéré pour la contenir. Il savait maintenant que le portail des Anciens s'était effondré en déversant des vagues d'énergie corruptrices. Cet antique portail permettait aux serviteurs des ténèbres de se répandre sur le monde et c'était l'effet cataclysmique de son énergie maléfique qui était responsable de la naissance de tant d'hommes bêtes et de monstruosités.

Le plan de Caledor devait regrouper ces énergies et les renvoyer dans le royaume du Chaos en créant un vortex cosmique qui drainerait la magie du monde et délivrerait ses habitants de la menace. C'était un plan qui avait fort peu de chances de réussir, mais Caledor et beaucoup d'autres pensaient que tenter un acte aussi désespéré soit-il, était préférable à la mort lente qui menaçait le peuple elfique.

Aenarion s'y opposa, surnommant ce plan le conseil du désespoir. Même si au fond de son cœur il savait que la guerre était perdue d'avance, il était déterminé à se battre jusqu'au bout. Au campement de l'armée elfe, Aenarion et Caledor en discutaient encore lorsque de funestes nouvelles leur parvinrent. Une armée d'hommes bêtes et de guerriers du Chaos était tombée sur Avelorn. La Reine Eternelle avait succombé et les corps de leurs enfants avaient disparu. On les supposaient morts ou aux mains des serviteurs du mal. Terrassé par le chagrin, Aenarion se retira sous sa tente. Quand il en sortit le matin, quelque chose en lui avait changé.

Aucun de ceux qu'il croisait ne pouvait soutenir son regard. Il était empli d'une indicible rage et d'une fureur sans limite. Il jurait qu'il tuerait tous les adorateurs du Chaos qu marchaient à la surface de la terre. Ceux qui l'entendirent ne doutèrent ni de sa folie, ni de sa résolution. Les forces du mal étaient trop puissantes pour être anéanties, mais Aenarion en voulait pas le croire. Lorsqu'il annonça qu'il se rendait sur l'Ile Blafarde, l'horreur emplit le cœur de ceux qui entendirent ces paroles. Tous savaient ce que cela signifiait : Aenarion allait retirer l'épée de Khaine, le Faiseur de Veuves et porter cette arme divine et meurtrière.

Elle attendait depuis le commencement des temps, fichée dans le grand autel noir de Khaine sur l'Ile Blafarde. L'arme était aussi vieille que le monde et plus mortelle que le plus puissant poison. C'était un éclat de l'arme meurtrière de Khaela Mensha Khaine forgée par Vaul lui-même, un fragment de mort cristallisée, capable de tuer les démons aussi bien que les dieux. Aucun mortel ne pouvait la porter et continuer à vivre, mais Aenarion était au-delà de l'espoir et du désespoir. Il ne vivait plus que pour tuer.

Caledor savait ce qui risquait d'arriver et fit tout pour retenir Aenarion. Il lui dit qu'il serait maudit s'il s'emparait de l'épée, qu'un tel pouvoir était trop grand pour un mortel, et qu'il ne pourrait la porter qu'au prix de son âme. Temporairement possédé par un don de prophétie, Caledor prononça des mots qui résonneront jusqu'à la fin des âges. Il dit à Aenarion que s'il s'emparait d'un tel pouvoir corrupteur, il condamnerait les elfes à des siècles de tragédie. Il lui dit aussi que lui et sa lignée seraient maudits jusqu'à la dernière génération, que les dieux détourneraient de lui leurs visages et qu'il serait condamné. Le premier Roi Phénix ne répondit pas, il enfourcha Indraugnir et s'envola dans la nuit d'encre.

On sait peu de choses sur sa quête. Ce qui est certain, c'est qu'il parvint jusqu'à l'Ime Blafarde, ignorant les mises en garde des mortels comme celles des immortels. Pendant son voyage les présages abondèrent.

Des démons tentèrent de le détourner de son but tandis que les dieux elfiques lui murmuraient des avertissements. Une grande tempête se leva alors qu'il approchait de l'île, comme si les éléments eux-mêmes voulaient le dissuader.

Indraugnir était puissant, même parmi les dragons, mais le voyage l'avait épuisé. Aenarion fit les dernières lieues à pied sur la plaine hantée. On dit que le fantôme de sa femme le supplia de ne pas aller plus loin. Mais fermant son cœur, Aenarion ignora les suppliques et tira la grande lame sanglante de l'autel, scellant son destin et celui de son peuple.

Aenarion retourna au combat suivi de ses soldats. Le pouvoir de l'épée était si grand que rien ne pouvait lui résister. Elle emplissait d'effroi ses ennemis et donnait à son armée une foi inébranlable et une soif de sang inextinguible. Les serviteurs d'Aenarion devinrent brutaux, cruels et sans pitié, perdus dans un cauchemar de massacres sans fin. A chaque victoire, ils perdaient un peu plus conscience de leur destinée, ils combattaient sans se préoccuper de leur vie, uniquement possédés par le désir insatiable de répandre le sang de leurs ennemis. Tous les guerriers elfes devinrent inconscients du danger mais le plus inconscient de tous demeurait Aenarion.

Les vieux démons enfouis dans l'âme elfique commencèrent à refaire surface et un esprit ténébreux recouvrit leur armée d'un voile noir. Certains se battaient pour la joie du combat et d'autres pour le simple plaisir de tuer. Aenarion se tailla un nouveau royaume au nord d'Ulthuan, sur les terres désolées de Naggarythe, une région dont le paysage reflétait ses états d'âme. Ce royaume attira à lui les guerriers les plus sauvages de son armée.

A la surprise générale, Aenarion se remaria avec la mystérieuse prophétesse Morathi à la beauté fatale qu'il avait sauvé des adorateurs de Slaanesh. De cette union naquit Malekith, qui devint l'elfe le plus honni par ses pairs. La cour d'Aenarion devint un endroit dangereux, pleine de jeux cruels et de fiévreuses orgies. Des divertissements barbares comme la chasse à l'homme y étaient pratiqués et de sombres rumeurs circulaient.

Beaucoup s'enfuirent, sentant grandir la puissance du mal. Caledor mena ses chevaucheurs de dragons vers le sud, sa terre natale. Il était désemparé par le changement de comportement de son vieil ami et sentait les ténèbres ronger son âme. Aenarion ressentit le départ des chevaucheurs de dragons comme une trahison et jura qu'il se vengerait de leur prince. Mais avant qu'il ne mette ses menaces à exécution, de nouvelles forces du Chaos envahirent la terre natale des elfes.

La guerre ne durerait pas longtemps, lutte inégale entre les elfes et les innombrables légions des quatre puissances. Touché par Asuryan et marqué par Khaine, Aenarion, fils des ténèbres et de la lumière, était invincible. Sa lame lui donnait un pouvoir dépassant la compréhension humaine et la flamme éternelle lui offrait la force de l'utiliser. Au combat, il tuait d'innombrables ennemis et sa loyale monture Indraugnir était un défi même pour les démons. Mais il ne restait plus à Aenarion qu'un nombre restreint de fidèles pour continuer la guerre contre le Chaos : les plus sauvages, les plus cruels, les plus impitoyables des elfes. Excepté pour Aenarion et ses serviteurs, il était évident que la guerre et le monde étaient perdus.

Caledor décida qu'il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Jusque là, il avait respecté l'ordre de son vieil ami de ne pas créer de vortex, mais aujourd'hui, il n'avait plus rien à perdre. Il demanda aux plus grands mages elfes de se rassembler autour de l'Ile des Morts pour commencer le grand rituel. Toutes les forces du Chaos se jetèrent dans la bataille tandis que leurs plus puissants sorciers tentaient de briser les sorts qui protégeaient l'île.

Aenarion n'eut pas le choix, il rassembla ses forces et vint défendre l'Ile des Morts. Les deux armées se rencontrèrent en plein cœur d'Ulthuan .Les dragons étaient si nombreux que leurs ailes cachaient le ciel à la horde du Chaos. Sur la mer et dans les cieux, la bataille fit rage entre les elfes et les serviteurs démoniaques. Les monstres agonisants remplissaient la mer d'écume. Les dragons morts s'écrasaient au sol, foudroyés par une magie meurtrière. Alors que le vortex prenait forme, les mers s'agitèrent et de terribles bourrasques soufflèrent du nord. Les cieux s'assombrirent et des éclairs déchirèrent les nues.

Au centre du champ de bataille, Aenarion était face à quatre démons majeurs : un Duc du Changement, un Grand Immonde, un Gardien des Secrets et un Buveur de Sang. Il leur barrait l'accès des rivages de l'île. Du sang s'écoulait de son épée et son armure étincelait de mille feux dans les rayons du soleil couchant. Les narines du vieux dragon laissaient échapper des flammèches. Pendant quelques instants, les combattants s'observèrent, les yeux brûlants d'une haine indicible. Les démons parlèrent, appelant Aenarion leur frère. Puis dans un rugissement, les combattants chargèrent.

Aenarion frappa et l'épée de Khaine marqua le Gardien des Secrets d'une grande balafre au front. Indraugnir lança des flammes ardentes sur les démons hurlants. Ils poussèrent des plaintes effroyables et se débattirent lorsque l'air enflammé les enveloppa. Le Duc du Changement projeta un éclair d'énergie magique qu'Aenarion dévia de son bouclier. La violence du choc le désarçonna malgré tout. Il se releva rapidement pour asséner à son adversaire un coup puissant qui lui fendit le crâne et lui sectionna le bras.

Le Buveur de Sang s'élança sur Indraugnir et combattit le dragon. Le Grand Immonde vomit un fleuve de corruption. Le liquide pestilentiel entoura Aenarion soudain pris de vertiges. Il était incapable de résister aux vapeurs méphitiques qui le faisaient chanceler.

Les sorciers hauts elfes psalmodiaient l'incantation qui devait créer le vortex. Les éclairs crépitèrent, illuminant un monde qui tremblait. Le calme et le silence revinrent pour un court moment puis les montagnes vacillèrent. Une terrible énergie vibrait entre le ciel et la terre. Des éclairs d'énergie pure provenant des sommets des montagnes convergèrent au-dessus des de l'Ile des Morts. Les nuages virevoltaient et se recroquevillaient, disparaissant sur eux-mêmes comme des vagues d'un tourbillon. L'air devint plus dense en se chargeant d'énergie maléfique. Les elfes avaient du mal à respirer tant elle brûlait les poumons. Le sol se fissura et d'immenses blocs de rochers furent aspirés vers le ciel par le puissant flux de magie.

Sur l'une de ces îles volantes, Aenarion continuait de combattre. Le Gardien des Secrets l'attrapa dans ses serres. Les terribles griffes ne pouvaient pas déchirer l'armure mais la poigne du démon était trop puissante pour un mortel. Les côtes d'Aenarion se brisèrent comme du petit bois sous la pression. La douleur aurait tué n'importe qui d'autre, mais Aenarion avait traversé le feu d'Asuryan et aucune nouvelle agonie n'entamerait sa volonté. Il s'agrippa à son épée et frappa le poitrail du démon de toutes ses forces. Dans un cri terrible, la chose s'estompa et disparut.

Dans la main d'Aenarion, l'épée de Khaine se repaissait d'un sang enflammé. La lame démoniaque, maintenant douée de vie, murmura de terribles menaces dans l'esprit du guerrier. Ayant bu l'âme du démon, elle donna une force nouvelle à Aenarion. Le Roi Phénix tituba vers le Grand Immonde qui le menaçait de son rire sadique et surnaturel.

Sur l'Ile des Morts, les sorciers elfes mouraient les uns après les autres. Les plus faibles tombèrent les premiers, le cerveau brûlé et la chair arrachée des os par le pouvoir corrosif qu'ils avaient libéré. Ils continuaient pourtant de psalmodier, sachant que s'ils arrêtaient maintenant, le sort deviendrait incontrôlable et tous leurs efforts n'auraient servi à rien. Aenarion enfonça sa lame dans les boyaux du serviteur de Nurgle, tranchant son ventre mou et libérant une vague de putréfaction opaque. Un flot de pourriture, de bile et d'asticots grouillants menaçait d'envahir les poumons d'Aenarion. Les entrailles de la chose s'enroulèrent autour de lui comme les tentacules d'une pieuvre démoniaque.

Lentement, Aenarion était attiré vers le corps du démon. Alors qu'il allait se libérer, trois autres tentacules l'entourèrent pour l'entraîner vers l'immondice. Il appela à l'aide Indraugnir. Le vieux dragon tourna la tête et projeta un souffle de flammes ardentes sur le démon, calcinant sa chair. Protégé par son armure enchantée, Aenarion se dressait indemne au milieu de la tempête de flammes. Le Buveur de Sang profita de la distraction d'Indraugnir pour lui asséner un coup mortel. Ses puissantes griffes déchirèrent les écailles du dragon. Indraugnir hurla et lacéra le Buveur de Sang avec un regain de fureur, utilisant ses dernières forces pour tenir éloigné le serviteur du Dieu Sanglant.

Tout juste capable de se tenir debout, Aenarion se lança dans le combat. Le Buveur de Sang lui porta un coup qui lui brisa le bras gauche, laissant pendre mollement à son côté son bouclier inutilisable. Un autre coup lui fractura le crâne. Le Roi Phénix était au bord de l'inconscience mais il refusait d'abandonner. Réunissant ses dernières forces, il fit tournoyer l'épée fatale dans un formidable arc de mort. Le coup aurait pu briser une montagne et il trancha en deux le corps du démon. Sur l'Ile des Morts, les derniers mages survivants terminèrent leur chant. Pendant un moment, tout fut silencieux. Aenarion, mortellement blessé, se hissa sur la selle du de son dragon agonisant et ils s'envolèrent pour leur dernier voyage.

Ballotté par des vents violents, Indraugnir porta le Roi Phénix moribond haut dans le ciel au-dessus du champ de bataille. Regardant vers la terre, il fut le spectateur du dernier et terrifiant événement de cette journée. Dans un éclair aveuglant, l'île disparut alors qu'une tempête de flux magiques tourbillonnait autour d'elle.

Le rituel n'avait pas entièrement réussi. Certes, le vortex avait été créé, la magie se retirait et les démons affaiblis mouraient comme des poissons hors de l'eau, mais le prix en fut terrible. Les sorciers hauts elfes avaient réussi à former le vortex, mais ils étaient piégés à l'intérieur, le laissant éternellement ouvert, pris à jamais dans les derniers instants de leur lutte contre le Chaos.
Après le silence vint la tempête. Un raz-de-marée déferla sur la mer intérieure, de grands murs d'eau firent sombrer les navires et déracinèrent les arbres sur le rivage. Il semblait que toute la magie du monde était piégée au cœur de ce maelström qui dura trois jours.

Indraugnir ramena Aenarion sur l'Ile Blafarde. La magie fuyante avait eu raison de son pouvoir. La grâce d'Asuryan n'était plus aussi présente dans son esprit et l'épée de Khaine ne lui fournissait plus une force illimitée. Les grands jours de la magie touchaient à leur fin. Alors que les pouvoirs démoniaques l'abandonnaient, la démence quitta l'esprit d'Aenarion. Le Roi Phénix pensait aux sarcasmes des démons. Sa conscience luttait contre les promesses murmurées par l'épée diabolique. Il savait que celui qui s'en emparerait pourrait facilement dominer le monde. Les forces d'Indraugnir l'abandonnèrent alors qu'il atteignait l'Ile Blafarde. En se posant sur la plaine des ossements, le dragon rua et lança un dernier rugissement de défi avant de s'effondrer pour mourir. Rassemblant ses dernières forces, Aenarion rampa jusqu'à l'autel et enfonça l'épée dans la pierre, si profondément que personne ne pourrait plus l'en retirer. Alors, dit-on, il s'allongea aux côtés de sa monture pour y reposer éternellement. Avec lui s'éteignit le premier âge du monde.

Aenarion a accédé au rang de demi-dieu dans le panthéon elfique, même les Elfes Noirs le vénèrent comme le fantastique guerrier qui sauva la race des elfes et pour le plus terrible guerrier qui ait jamais vécu.