Qui peut bien venir à Mordheim ? Et qui peut
bien ne pas y être ? Des hommes venus de tout l'Empire habitent
les campements miteux qui entourent Mordheim, des hommes de Middenheim
et de la cité d'Ulric, de Marienburg sur la côte ouest,
de Sylvanie et de Wissenland, et de tous les pays qui les séparent.
Certains viennent pour leurs propres raisons obscures, mais l'écrasante
majorité ne vient que pour faire fortune. Ces aventuriers mercenaires
sont pour la plupart engagés par les souverains de Middenheim,
de Marienburg et de Reikland, qui convoitent tous trois le trône
et sont de loin les plus riches et les plus ambitieux. En vérité,
la rivalité entre ces trois comtes est si grande qu'il est
rare de voir leurs hommes camper ensemble, et que l'on n'a jamais
vu ces guerriers d'origines différentes combattre en bande
les uns aux côtés des autres.
Nous suivions ce chemin bien connu vers
la Cité des Damnés et nous passâmes
devant eux. Ils pendaient des croix
auxquelles ils étaient cloués en une longue
ligne le long de la route. Nous marchions
tandis que les yeux de ces cadavres brisés
nous suivaient, et que leurs têtes se
tournaient pour nous murmurer
'Repartez… Repartez… Repartez.
Des autres prétendants
au trône, le souverain de Sylvanie, le comte von Carstein, est
le plus puissant, mais sa réputation est si terrible que peu
acceptent son or. On dit qu'il se livre aux plus abominables des hérésies
en buvant du sang humain et en usant de nécromancie pour ressusciter
les morts. Ses serviteurs, étranges et perfides, explorent
eux aussi les ruines de la Cité des Damnés, bien qu'ils
restent dans l'ombre en évitant la lumière du jour.
Peu de gens suspectent la véritable nature de von Carstein,
sauf peut-être les Répurgateurs qui soupçonnent
tout, et il reste pour le moment un prétendant de plus au trône
de Sigmar.
Qui sait quelles ambitions
nourrit le Grand Théogoniste de Sigmar ? Il a refusé
la couronne à Dame Magritta de Marienburg, s'aliénant
ainsi les guildes marchandes, et surtout les Libres Marchands de Marienburg
dont les membres occupent des positions importantes dans l'Empire.
En proclamant une sainte croisade contre les mutants et les sorciers,
le Grand Théogoniste a envoyé l'Ordre des Templiers,
communément appelés les Répurteurs, explorer
Mordheim à la recherche de pierre magique. Il prêche
la Rédemption, la vengeance de Sigmar et l'amour du temple,
mais beaucoup pense qu'il recherche un pouvoir plus matériel
que spirituel.
Et que dire des ambitions contrariées
des Libres Marchands et de tous ceux pour qui l'ancien système
et ses coutumes sont des chaînes qui les entravent ? Beaucoup
se sont tournés vers les cultes secrets des dieux noirs, dont
l'adoration constitue la pire des hérésies, et vers
la sorcellerie contre nature qui touche au Chaos lui-même. Leurs
ambitions les amènent secrètement à Mordheim
où ils prospectent la pierre magique. Là, ils se sont
trouvé un chef, un Empereur Noir, dont nul ne peut dire s'il
est homme ou démon. Il se nomme le Seigneur des Ombres, Maître
des Possédés, et habite la Fosse de Mordheim, au fond
du cratère où les feux de la colère de Sigmar
brûlent encore et dont les fissures béantes crachent
de nauséabondes vapeurs. De ce royaume sortent des créatures
démoniaques, difformes et maléfiques, à l'aspect
hideux et à la force démesurée qui infestent
les ruines de la Cité des Damnés.
Rien n'est resté intact dans la Cité des
Damnés, tout a été dévasté et carbonisé.
Là où le marteau a frappé s'étend à
présent une fosse dont les bords sont
restés brûlants, et dont les flancs sont
aussi lisses que du verre, comme si la
chaleur de la colère de Sigmar avait fait
fondre la roche. Les vapeurs qui en
émanaient étaient si toxiques et épaisses
que le nuage mit plusieurs semaines à se
dissiper. Les curieux purent alors y
discerner ça et là, comme des insectes
piégés dans l'ambre, les morts encore
vêtus pour cette fatale et ultime nuit de
fête et d'égarement, le visage empreint
d'une terreur intense.
Que dire encore des Sœurs
de Sigmar, ces anciennes ennemies de l'Ordre des Templiers qui nie
la légitimité des femmes dans le clergé de Sigmar
? Stricts, intraitables et sourd à toute raison, les Répurgateurs
accusent ouvertement les sœurs d'hérésie et d'offense
à Sigmar. Mais les sœurs ne sont pas sa défense,
elles comptent parmi elles les filles des plus nobles maisons de l'Empire.
Leurs couvents donnent ainsi asiles à celles qui auraient autrement
été une gêne ou un problème pour leurs
familles. Ces deux organisations affiliées à Sigmar
peuvent combattre côte à côte dans Mordheim, mais
restent des ennemis jurés, car leur rivalité implacable
est de nature religieuse, et nulle parole d'apaisement ou de pardon
ne saurait y mettre fin.
Les Sœurs de Sigmar occupent
une position unique à Mordheim. Leur couvent, le Temple du
Roc de Sigmar, repose sur une grande île rocheuse dressée
au centre du fleuve Stir qui traverse la ville et la divise en deux.
Bien que la destruction de Mordheim ait laissé quelques bâtiments
debout, c'est un véritable miracle que le temple et ses occupants
aient survécu intacts. En effet, tandis que tous autour d'elles
sombraient dans l'égarement et la dépravation, les sœurs
n'oublièrent pas de prier Sigmar, échappant ainsi à
sa sentence : c'est en tout cas ce qu'elles prétendent, car
il n'y a certes personne qui pourrait témoigner du contraire.
Les Répurgateurs ne croient pourtant pas cette piété
salvatrice, et clament que les sœurs ont scellé un pacte
démoniaque en livrant Mordheim à la destruction tout
en y échappant elles-mêmes. Aujourd'hui encore, les sœurs
semblent avoir la bénédiction de Sigmar, ou d'une puissance
infernale, car la grande hauteur de leur refuge les élèvent
au-dessus des vapeurs empoisonnées et les en préserve.
Il reste les autres habitants
de Mordheim, les mutilés et les monstrueux, les mutants et
les démons. D'où sortent-ils et pourquoi sont-ils ici
? Cela reste pour l'instant un mystère, même si la lumière
finit toujours par être faite. Les étranges créatures
rats qui fouinent dans les ruines seront pour le moment oubliées,
comme aimerait pouvoir le faire plus d'un courageux aventurier mercenaire.
Ces dernière gardent leur histoire pour elles-mêmes,
et la plupart des hommes préfèrent nier leur existence,
ou les mettre dans le même sac que les autres monstruosités
qui sont monnaie courantes dans la Cité des Damnés.
Voici donc les principaux acteurs
sur cette scène de destruction : les aventuriers mercenaires
de Reikland, de Middenheim et de Marienburg, les serviteurs morts
vivants du Comte Vampire von Carstein, le Culte du Maître des
Possédés, les Répurgateurs du Grand Théogoniste,
les saintes Sœurs de Sigmar, et, les plus mystérieux de
tous, les créatures des ruines.
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