SKAROGNE
Inconnue du monde, profondément
enfouie au cœur des Marais Putrides se trouve la méphitique
capitale des skavens, Skarogne. Les ruines de ce qui fut une cité
florissante sont englouties dans les marais nauséabonds, reliques
des hommes qui vécurent ici et témoignages de la corruption
perpétrée par les enfants du Rat Cornu.
Bien avant d'atteindre Skarogne,
l'inconscient qui s'aventure dans ces marais croisera l'une des nombreuses
carcasses d'esclaves qui pourrissent dans les eaux croupies. Des flottilles
de minuscules coracles se regroupent pour récolter le grain
noir qui pousse parmi les roseaux. D'imposants gardes-chiourmes skavens
fouettent les esclaves qui doivent trimer pour respecter leurs quotas.
Peu leur importe qu'une de ces embarcations disparaisse ou sombre
dans la brume, échapper aux marais est impossible et le pire
châtiment qui attend les esclaves est d'être livrés
à eux-mêmes dans ces sinistres marécages.
Non loin du centre des marais,
d'immenses édifices s'élèvent du bourbier, leurs
étroites fenêtres semblant jeter un regard accusateur
sur l'eau stagnante. Les esclaves s'agglutinent le long des quais,
formant des files ininterrompues de silhouettes courbées sous
de lourds paniers de céréales. Des milliers de meules
et de roues ne cessent de crisser alors que les pâles lueurs
vertes vacillent par les fenêtres étroites d'immenses
minoteries. Là, les céréales mutantes sont moulues
par des roues de male pierre afin de nourrir les hordes avides de
Skarogne.
Par delà les minoteries,
on peut apercevoir à travers la brume des formes étranges,
des angles qui tranchent avec la monotonie environnante. Des éclairs
en jaillissent parfois et on peut distinguer dans le lointain un brouhaha
incessant et confus. En s'approchant, ces contours s'avèrent
être ceux d'une ville dont les infrastructures gigantesques
émergent d'un brouillard omniprésent.
Des voiles de brume s'étendent
paresseusement, masquant la plupart des ruines, mais les arches et
les murs d'enceintes parviennent encore à émerger de
la fange. Les maisons en ruine se mêlent aux galeries effondrées
et aux rues dépavées qui menaient jadis aux places et
aux marchés. Ici et là, des trous béants éventrent
le sol, libérant des flammes et des odeurs de souffre. Le sol
tremble sous une cadence rythmée émanant des entrailles
de la terre. Des lueurs blafardes scintillent en haut des édifices,
comme en hommage aux constructions qui les dominent.
Au cœur de la cité,
une immense tour, dominant un temple, se dresse, solitaire, vers les
cieux. A son sommet trône un gigantesque beffroi entouré
de silhouettes noires. Des nappes de brouillard toujours plus denses
s'enroulent autour de ce lieu sacrilège, comme si elles cherchaient
à le dissimuler au reste du monde. C'est le temple du Rat Cornu,
site du premier et du plus méprisable acte de corruption des
skavens. Bien que bâti avec le plus pur des marbres blancs,
il est à présent craquelé et fissuré,
noirci par la fumée des forges et des sacrifices. Sa nef voûtée
fait résonner les couinements de dévotions et ses chapelles
en ruine vibrent de communions blasphématoires. C'est le berceau
des skavens, le cœur de leur empire souterrain. Sous Skarogne,
il existe un dédale de tunnels si complexe que même les
skavens n'en possèdent pas de plans précis. Les niveaux
supérieurs sont grossièrement divisés en districts,
dont chacun est régi par un des grands clans. Là, les
tunnels tortueux sont éclairés par des creusets de méthane.
Le district du clan Skryre est perpétuellement baigné
de la lumière de sphères de verre crépitantes
qui projettent des lueurs fantomatiques. Les skavens et leurs esclaves
travaillent sans relâche dans d'immenses forges, des laboratoires
et des ateliers, expérimentant de nouvelles armes et forgeant
les quantités phénoménales de matériaux
nécessaires aux hordes grouillantes de la cité. Dans
certains districts, des wagonnets sont tractés par d'infatigables
monstres de fer et d'immenses palans remontent d'énormes cages
des entrailles de la terre.
Les niveaux inférieurs
de Skarogne forment un site cauchemardesque où les esclaves
incompétents et les clans mineurs luttent pour survivre au
milieu de la misère et de la fange. La moisissure envahit les
murs, se mêlant à la crasse rejetée par les districts
supérieurs qui monte souvent jusqu'à hauteur du genou.
Eboulements et inondations sont des événements quotidiens
et les esclaves qui nettoient les passages et consolident les tunnels
sont très souvent condamnés à périr écrasés
ou noyés. Dans les recoins oubliés, d'étranges
mutants et des parias rôdent et chassent dans les ténèbres
du Cloaque, en quête d'esclaves imprudents ou de skavens égarés
pour les capturer et les dévorer.
De longs passages taillés
dans le roc s'étendent loin vers le nord et l'est à
partir de la cité souterraine, plongeant profondément
sous les racines des Montagnes Noires. Chaque accès est gardé
par des guerriers des clans ou des pièges vicieux. Des milliers
de kilomètres de tunnels secrets partent de Skarogne, s'étendant
à travers les Voûtes, sous les montagnes du Bord du Monde
et même au-delà. Un réseau tentaculaire de passages
secrets ronge les Montagnes Grises et s'étend sous les cités
inconscientes de l'Empire et de la Bretonnie.
Creusé du nord au sud
à travers les Montagnes du Bord du Monde, cet immense empire
souterrain, appelé le Cloaque, s'étend jusqu'au frontières
du Vieux Monde, aux confins de l'Arabie, des Terres du Sud, voire
même de la Lustrie, de Naggaroth et de Cathay.
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