¤ Le prince des voleurs (ou une histoire de fesse)
Un scénario pour Warhammer-jdr
: Intermède pastoral et léger au cours duquel nos
aventuriers n'auront rien à craindre des manigances chaotiques
et pourront s'investir dans des occupations plus triviales.
Ceci est l'adaptation Bretonnie-jdr du scénario par Pierre
Lejoyeux paru dans Casus Belli. L'action se déroule dans une
région sauvage, située dans le nord-est de
la Navarre, que
les PJs cherchent a traverser pour aller vers l'ouest. Comme le dit le
proverbe, la moitié des Navarrais sont des voleurs, l'autre
moitié est pire. Cependant
dans la province du Lyonnais, les fouteurs de troubles et les
fidèles de Ranald sont activement pourchassés et
l'autoritaire Comte Lescan a pris sur lui d'assurer la
sécurité de la route commerciale reliant Quenelles et la
Tilée qui traverse la Navarre orientale voisine.
En deux mots
Tout commence par une belle
journée d'été. Dorald, un homme né pour
séduire, rencontre une puis deux fort accortes jeunes filles,
les trois jeunes gens prennent de concert un bain dans la
rivière longeant la route. Passe un marchand ambulant peu
scrupuleux qui rafle tous les vêtements et l'équipement
des baigneurs. Cris, panique, Dorald et les deux donzelles s'en
retournent chacun de leur côté. Tout ceci pourrait ne pas
tirer à conséquence, si l'un des baigneurs n'était
un prêtre de Ranald et pas l'un des moindres: le Prince des
voleurs...
Évidemment, l'un des aventuriers va acheter l'un des
vêtements du Prince. Évidemment, il va être confondu
avec lui et pourchassé. Évidemment, c'est une tragique
méprise mais comme toutes les méprises elle sera longue
à dissiper. Arrivés à ce stade du scénario,
les aventuriers doivent soit rechercher le vrai Prince afin de
disculper leur ami, soit chercher à s'enfuir loin de cette
région devenue inhospitalière.
Un achat malheureux
Tôt ou tard, l'un des
aventuriers devra acheter des vêtements à un fripier. Le
prêt-à-porter n'existant pas à cette époque,
pour se vêtir il faut soit acheter des vêtements d'occasion
soit en commander à un tailleur.
Or donc, les aventuriers rencontrent un aimable marchand ambulant dans
un village au bord de la Brienne qu'ils viennent juste de traverser en
bac. le marchand propose des affaires aux aventuriers, genre soldes. Un
ou plusieurs de ces derniers se laissent tenter par la marchandise et
l'un d'eux endosse alors un splendide pourpoint en cuir que le marchand
vient d'«acquérir» le matin même.
Arrestation
C'est la jeune et jolie servante de
l'auberge où les PJs se prêtent à passer la nuit
qui
reconnaît le pourpoint. Elle en informe son père,
l'aubergiste, avec des airs de conspiration que les aventuriers ne
peuvent que noter. Le père sort par la cuisine et la fille
revient vers les aventuriers avec un large sourire, trop large pour
être franc. Avant que les aventuriers ne puissent
déguerpir, les miliciens, cinq paysans armés de fourches
et de
faux investissent les lieux, bien décidés à
arrêter l'heureux détenteur du pourpoint qu'ils imaginent
être le Prince des voleurs en personne. Les autres aventuriers ne
risquent rien puisque non recherchés. Tout au plus seront-ils
reconduits aux limites du village. Les villageois ne sont pas des
tueurs et essayeront d'assommer les aventuriers pour les faire
prisonniers si ceux-ci résistent. Au cas où le sang
coulerait, les miliciens laisseront partir les aventuriers. Toute
discussion reste vaine. Les villageois ne démordent pas et sont
d'autant plus sûrs d'eux que l'avis stipule que le Prince des
voleurs ne tue jamais... La solution la plus élégante est
de laisser arrêter le «Prince» pour le faire
évader à la faveur de la nuit. Le prisonnier est
enfermé dans une maison inhabitée, aux fenêtres et
portes barricadées... Un messager est envoyé au Comte
Lescan qui séjourne dans une ville au nord de la Brienne. Son
escorte se compose d'une cinquantaine de mercenaires a cheval.
Le « Prince des voleurs »
Un prêtre de Ranald qui
sévit actuellement dans la région. Personne ne sait
à quoi il ressemble, personne n'a même jamais vu son
visage. Les seules choses que l'on connaisse de lui est qu'il est d'une
adresse diabolique, mais qu'il ne tue jamais.
La tête du Prince est mise a prix, ce qui a attiré
quelques chasseurs de prime dans la région. 500 Livres, une
somme considérable, sont promises pour sa capture par le Comte
Lescan qui a eu à pâtir de ses exploits à plusieurs
reprises.
Évasion
Le balafré, le chef d'une
bande de brigands qui a sa base dans la forêt près du
village de
l'arrestation, a lui aussi des griefs à l'encontre du Prince des
voleurs. Il est informé de l'arrestation du prince par un des
villageois qui sert d'espion à la bande. Enfin il va pouvoir
faire
payer au Prince des voleurs la balafre qui le défigure et qui
lui a
fait perdre un oeil.
Pour l'évasion, les brigands auront dans tous les cas une
longueur d'avance sur les aventuriers si ces derniers n'agissent pas
tout de suite. Le garde sommeillant adossé à la porte est
proprement assommé, puis
c'est le tour du prisonnier à l'intérieur.
Le camp du Balafré est situé dans une clairière
encaissée, en pleine forêt, à des lieues de toute
civilisation. Il consiste en une baraque de rondins
réservée au chef, un corral pour les chevaux et deux
tentes où s'entassent les quinze brigands de la bande. Un feu
brûle en permanence au centre de la clairière. Deux
sentinelles veillent jour et nuit. L'aventurier-victime amené
devant lui a beau jurer de son innocence, invoquer une «tragique
méprise », le Balafré ne songe en le regardant
qu'au nombre de morceaux qu'il pourra découper dans son
prisonnier sans pour autant le tuer trop vite.
Dorald le séducteur
A la sortie du village suivant, les
PJs découvrent un jeune noble enfermé nu dans une petite
cage en bois suspendue au bord de la route. Il s'agit de Dorald, l'un
des trois baigneurs.
Dorald n'est pas le Prince des voleurs. Le pourpoint est visiblement
bien trop petit pour lui. Cependant, il peut aider les aventuriers
à retrouver le propriétaire du pourpoint qui ne peut
être que l'une des baigneuses. Mais alors, le Prince est en fait
une Princesse ! Cependant, Dorald n'a plus rien à perdre et ne
dira rien à moins d'être délivré.
Ce qui s'est passé...
Ayant découvert le vol, les
baigneurs se séparèrent: les deux filles partirent vers
l'aval, Dorald préféra l'amont de la rivière. En
chemin, le séducteur fit une nouvelle victime en la personne
d'une jeune femme battant son linge sur le bord de la rivière.
Voyant ce bel homme si simplement vêtu, elle tomba en
pâmoison pour se réveiller dans des bras virils. Dorald
fut à la hauteur de sa réputation mais eut la mauvaise
surprise de se trouver nez à nez avec le mari parti voir
à la rivière ce qui pouvait tant retenir sa «
petite caille». La garce fut sévèrement
rossée, Dorald fut mis en cage en attendant son châtiment
comme c'est la coutume en
Bretonnie.
La cage est si petite que le prisonnier doit se recroqueviller pour
tenir dedans. Des enfants et les maris lui jetèrent des œufs
pourris et des ordures diverses. Cet humiliant châtiment peut
paraître suffisant à certains, mais ce n'est pas le cas du
cocu qui entend bien qu'il soit fait en sorte que Dorald ne soit plus
en mesure de sévir...
Libéré, Dorald n'a qu'une envie: quitter cette
région. Si les aventuriers le retiennent de force, il leur
faussera compagnie à la première occasion. Mais Dorald
est cependant un homme de parole. Il raconte donc à ses sauveurs
tout ce qu'il sait sur les deux filles. L'une était rousse et
potelée, l'autre brune et longiligne. La couleur de leurs yeux ?
il ne s'en souvient pas, d'ailleurs il s'en moque. Ce n'est pas ce
qu'il regarde chez une femme. En revanche, il se souvient parfaitement
que la fille portant le pourpoint avait une marque de naissance en
forme de X, placée sur la fesse gauche. Les deux filles sont
parties ensemble, elles ont descendu la rivière, la rousse
semblait bien connaître la région...
Le village de la donzelle rousse et
peu farouche.
Ce village ne s'appelle bien
sûr pas ainsi mais il le pourrait car toutes les jeunes filles,
nombreuses au demeurant, y sont rousses et peu farouches. Le village
pourrait aussi se nommer « le village des pères
suspicieux» ou encore «le village des mariages
expéditifs». Nitouche, la donzelle avec qui Dorald s'est
«baigné», est la serveuse de la taverne. Son retour
dans le plus simple appareil a déclenché la colère
de son père. Si Dorald est avec les aventuriers ou si l'un de
ces derniers porte encore le pourpoint de cuir, Nitouche glisse entre
deux sanglots quelques mots à l'oreille de son père. Ce
dernier sort par la cuisine et la fille sourit aux aventuriers avec un
large sourire, trop large pour être franc... Déjà
vu me direz-vous Peut-être... il n'en reste pas moins qu'à
la vue de Dorald ou du pourpoint, Nitouche songe aussitôt
à transformer sa mésaventure en occasion
rêvée de quitter la tutelle paternelle et pouvoir
batifoler à sa guise, comme sa grande soeur Roselyne. Il peut
s'en suivre un merveilleux mariage plein d'émotion, le couteau
sous la gorge et les mains liées dans le dos...
Inutile de demander des renseignements aux hommes du village, ils se
méfient des étrangers comme de la peste et ne leur
parleront pas. Reste les donzelles qui ne tarissent pas de ragots pour
peu qu'elles soient couchées dans une meule de foin.
Outre la mésaventure de Nitouche, l'interrogateur apprend
également qu'Aglaée est enceinte, mais pas de son mari,
que Lola se désespère depuis que son mari la tient
enfermée - une grande première dans le village - et que
Greta est une petite futée bien qu'elle s'en défende.
Là encore, tout peut avoir une heureuse et morale conclusion
pour peu que le père passe dans les parages...
Le renseignement obtenu, fut-ce ou prix d'une union, Nitouche avouera
sa partie de baignade aux aventuriers. Mais Nitouche n'est pas le
Prince des voleurs, le pourpoint est à sa taille mais trop petit
pour contenir sa poitrine...
La donzelle parle alors de Dorald, le beau Dorald, et de l'autre fille,
celle à la tache de naissance. Dorald a remonté la
rivière, la fille l'a descendu avec elle et l'a quitté
aux abords de son village. Nitouche se rappelle que la fille voulait se
rendre à la cité de Brionne.
Le relais de la diligence
La fille brune qui a une marque de
naissance sur la fesse gauche est bien la princesse des voleurs. Elle a
pu sans problèmes dérober des vêtements à sa
taille sans attirer
l'attention et a rejoint le relais de diligence le plus proche. Il
s'agit d'une auberge fortifiée au bord de la route. La diligence
allant a Brionne a été retardée de plusieurs jours
suite a un accident et doit maintenant partir du relais le lendemain.
Parmi les voyageurs il y a trois filles, dont deux brunes et une
blonde. Toutes les trois voyagent seules, toutes les trois sont
habillées en femme mais seule l'une d'elles a une tache de
naissance sur la fesse gauche. La blonde ne demande qu'à
être courtisée alors que les brunes sont plus
réticentes. La façon donc les aventuriers
découvrent laquelle des trois filles est celle qu'ils
recherchent est laissée à leur imagination... Le relais
abrite également un chasseur de primes nommé Ronan.
L'homme est dangereux et ses sens sont toujours aux aguets même
quand il semble dormir ou s'occuper à toutes autres
tâches.
Il y a aussi deux étudiants de Brionne en plus du
propriétaire des lieux, qui a servi toute sa vie dans le
régiment de Navarre et qui est profondément patriote.
Le final
Le lendemain matin, le balafré
(ou à défaut le Comte Lescan) assiègent le relais
où ils savent trouver les aventuriers. Ils promettent de
massacrer tout le monde si on ne leur livre pas le Prince. Si les
aventuriers tentent de dénoncer la princesse, il leur faudra
prouver leur dire car personne ne s'attend à ce que le Prince
des voleurs soit une femme. Le prince est lui prêt à se
livrer si cela peut épargner la vie des
autres personnes présentes. Mais le
chasseur de prime Ronan refusera de laisser gaspiller une marchandise
valant son pesant d'or. Quant à l'aubergiste, il est prêt
à mourir la hache à la main
pour son bien et son honneur.
Le relais ne sera pas facile a prendre si
les voyageurs le défendent. Les murs en pierre sont épais
et creusés de meurtrières, la porte assez solide pour
résister à des coups de bélier. Le mieux pour les
PJs serait toutefois d'arranger une mise en
scène avec Le Prince. Celui-ci apparaissant masqué en
leur présence et s'échappant en usant de sa
légendaire adresse ou si besoin de magie, les disculpant de
fait.
Conclusion
Ce scénario est l'occasion
d'une rencontre avec un prêtre de Ranald dont l'amitié
pourrait être très précieuse pour la suite d'une
campagne Navarraise.
¤ In Search of Bretonnia
29-11-2004